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The Storytelling

1 novembre 2008

Zabriskie point (de Michelangelo Antonioni)


    Mis en scène par Michelangelo Antonioni
avec Rod Taylor, Mark Frechette, Daria Alprin...

PLUTÔT QUE MOURIR D'ENNUI.

En 1969 la contestation grandi à Los Angeles dans les milieux universitaires. Marc, un beau jeune homme solitaire, dit être prêt à mourir pour la révolution mais pas à mourir d'ennui. Autant les hippies de l'université l'agacent autant il se rangera avec eux en entrant dans une fusillade qui les affrontent aux policiers. Pris au piège dans l'université, un policier est tué, il préfère s'enfuire plutôt que d'être accusé à tort de l'assassinat. Dans un mouvement libertaire, il vole un avion et survole le désert alentour jusqu'à remarquer du haut de son aéroplane, une jeune fille au volant d'une décapotable rouge.

Antonioni signe un film contestataire en tout point. Mais surtout, le film surprend par sa fulgurante naïveté qui nous embrase et met à mal le système mis en place. La photographie est d'une beauté sidérante et parvient à nous montrer combien la contestation est un trip enfantin et jubilatoire. Parfois un peu long mais nécessaire, il faut prendre le temps d'observer la nature et le corps de l'autre. La séquence d'orgie sexuelle, très belle, mais un peu lourde sur la fin. Cette naïveté irrite si on ne remet pas le film dans son contexte des années 70.

Mais ce qui marque le spectateur c'est bien la séquence finale. Complètement arty et décalé, les éléments matériels de notre monde explosent les uns après les autres pendant plusieurs minutes. C'est une véritable expérience de cinéma jubilatoire, une critique de la société d'asceptisation et de consommation. Beau et étonnant.

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1 novembre 2008

Wall-E (d'Andrew Stanton)


Réalisé par Andrew Stanton

ROBOTS APRES TOUT.

Pixar lance son nouveau film, déjà assuré avant sa sortie d'un succès fulgurant. WALL-E est un petit robot, dernier survivant de la planète Terre. Son truc à lui, c'est de récolter les déchets et de nettoyer la Terre.

Le film annonce le meilleur, du burlesque robotique et intersidéral. Les 30 premières minutes sont d'une beauté renversante. Rarement, un film d'animation made in Hollywood n'avait atteint un tel degré cinématographique. Chaque plan veut dire quelque chose et les interprétations n'ont rien d'appuyé, ni rien de spectaculaire. Parler de WALL-E, c'est parler de la disparition de l'humanité et à travers ce personnage, elle reprend vie.
WALL-E n'est pas un robot qui parle. Pixar va au-delà et nous propose un véritable film de burlesque, quasi-muet et intelligent.

Mais quelque chose vient gâcher le film en cours de route. WALL-E n'est plus le centre du film. On se retourne vers les humains et on étale à n'en plus finir une morale écologiste qui surfe sur l'air du temps. Le film perd toute sa subtilité et déploie au fur et à mesure tous les codes du blockbuster hollywoodien. On s'attend désormais à tout alors qu'on était éblouit par l'audace des premières minutes.

Il fallait bien que l'humain reprenne toute sa place. A croire que la Terre n'est faite que pour nous accueillir. Cet antropocentrisme est triste à voir, de plus que les dialogues respirent le bâclé et la lourdeur. Voilà comment Pixar va s'en mettre plein les poches en surfant sur un sujet à la mode.

1 novembre 2008

Un conte de Noël (d'Arnaud Desplechin)

Mathieu Amalric, Catherine Deneuve et Jean-Paul Roussillon. JC Lother / Why Not Productions
Mis en scène par Arnaud Desplechin
avec Catherine Deneuve, Jean-Paul Roussillon, Anne Cossigny, Mathieu Amalric, Chiara Mastroiani, Melvil Poupaud, Emmanuelle Devos, Hippolyte Girardot, Emile Berling...

PORTRAIT D'UNE FAMILLE PRESQUE APAISEE.

Potentielle Palme d'or à Cannes, Un Conte de Noël, le nouveau de Desplechin est un bijou du cinéma français contemporain. Après les dépressifs, Rois et Reines et Esther Kahn, ce film semble trouver l'apaisement après un acouchement dans la douleur.

"Henri est tellement prévisible, comme le mal."

Pourtant, ce film est terrible. Cette famille réunie pour Noël semble être une idée saugrenue. Elizabeth (Anne Cossigny) a banni son frère de la famille et tout le reste de la famille a accepté cette volonté. Henri est hors-jeu, parait-il qu'il incarne le mal, qu'il est détestable et sa déchéance réjouit sa soeur. Junon, la mère, n'a pas d'estime pour son fils, elle ne l'aime pas. Son père ne dit trop rien et toute son humanité contraste avec ce mutisme. Le gouffre béant qui illustre cette famille est à peine voilé et de là, né l'apaisement. Un Conte de Noël qui fait éclater les non-dits, cherche la vérité, et à contre-courant des bon sentiments des films de famille cinématographiques, il accepte l'absence d'amour.

Cet éclatement émotionnel est transposé à l'écran de manière moderne et audacieuse. Desplechin ose les jump-cut et les digressions légères. Les tensions éclatent, les esprits s'apaisent et les tensions reviennent. La beauté se trouve dans la surprise. On ne s'y attend jamais. C'est le cercle dessiné sur la main de Paul par la petite amie d'Henri, c'est le discours prononcé par Abel à l'enterrement de son fils, c'est Elizabeth qui soigne son frère banni, c'est le jeu qui s'installe entre Henri et sa mère séparés par un rideau de chambre d'hôpital.

"Mais que vous êtes bizarre dans ta famille."

C'est aussi une réunion de famille à laquelle on est invité. Nous sommes les hôtes d'une histoire douloureuse et humaine. Desplechin utilise habilement les apartés des personnages, les regards caméras semblent former l'aboutissement de cet accouchement dans la douleur puis de cet apaisement. Il en sort un film très ouvert où la famille n'est plus un carcan mais un tremplin proposé à tout à chacun.

1 novembre 2008

There will be blood (de Paul Thomas Andersson)

Daniel Day-Lewis. Walt Disney Studios Motion Pictures France
Mis en scène par Paul Thomas Andersson
avec Daniel Day-Lewis, Paul Dano...

DU PETRÔLE DANS LES MAINS.

Sombre est ce film qui à sa manière, parle de l'Histoire américaine. Le pétrole, cet or noir qui fait briller les plus grands hommes d'affaire et qui fait tourner le monde aujourd'hui. Le pétrole, un produit de la terre que l'homme réclame au nom de l'argent et par le sang. Paul Thomas Anderson n'est un cinéaste que j'aime particulièrement. Il lui manquait souvent une modestie. Mais ce film est une exception, audacieux et actuel.

Les vingt premières minutes, très fortes visuellement, forment une des plus belles introductions du cinéma. Crues et latentes, les images dégagent un sentiment puissant de souffrance et de solitude. Les deux étant liés dans une forme assez expressioniste. A cette introduction répond la séquence finale enfermant le film dans la folie, comme si elle était la somme de la souffrance et de la solitude du début.

"Je suis un faux prophète, Dieu est une superstition".

Une critique du pouvoir et de l'omniprésence de l'argent dans nos vies, les paradoxes submergent le film. Entré beauté et cruauté, les personnages ne savent à quel Dieu se vouer. Désorientés et contrôlés, les frontières qui les séparent de la folie s'effacent peu à peu mais avec rigueur. Le capitalisme dans sa froideur la plus totale gangrène le sort des personnages et notamment les dux qui s'affrontent tout au long du film: le pétrolier Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis) et le prêtre Eli Sunday (Paul Dano). Alors que Danial Day-Lewis m'a laissé de marbre, la prestation de Paul Dano m'a, au contraire, terriblement touché. Une gueule comme on n'en invente pas, il dégage pourtant un charisme inquiétant et séduisant.

1 novembre 2008

La gueule ouverte (de Maurice Pialat)

Mis en scène par Maurice Pialat
avec Nathalie Baye, Philippe Léotard, Hubert Deschamps...

LE SILENCE AVANT LA MORT.

Tout le monde feint de s'en foutre, Monique va mourir. Atteinte d'un cancer, elle passe la première partie du film clouée dans un lit d'hôpital. Elle fait du silence son meilleur ennemi, elle s'y ai résoud. Son mari et ses enfants ne prêtent pas beaucoup d'attention à son égard. Dans ce climat mortuaire, en réalité, tout le monde est pétrifié.

La beauté, Monique, l'amour d'un couple, l'idée d'une certaine France tout est amené a disparaître dans ce film sombre et naturaliste. Maurice Pialat, comme à son habitude, met en scène ses comédiens avec génie, leur laissant l'opportunité de l'impro. C'est à la fois un film pessimiste et un film ouvert au monde.

La tragédie c'est la parole. La gueule ouverte d'où les mots ne sortent pas, ou s'ils sortent ils ne disent jamais l'essentiel. Toute la froideur du non-dit transforme les personnages en statues face à la mort. Des personnages qui sont figés et dont on pressent des tourments contrôlés à l'intérieur. Il leur faut contempler la mort à l'oeuvre. Contempler est le mot juste. Pialat joue de plans-séquences à glacer le sang, des plans cadrés sur la banalité de la vie. Une banalité qui ira jusqu'au dernier souffle de Monique. La gueule ouverte des personnages qui restent pantois devant l'effroyable travail de la mort. La fatalité affole les vivants puisqu'elle leur fait comprendre que la vie est d'une simplicité impossible à atteindre. Les humains se rendent trop complexes face à la vie et cette erreur est insurmontable.

La gueule ouverte est un somptueux film sur la mort et la parole. Une parole souvent en décalage avec la vérité nue des images. Maurice Pialat est un génie du cinéma qui use de très peu d'artifices pour laisser place à la salissure et donc à la vérité. Laissant Monique mourir en silence et dans la solitude.

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31 octobre 2008

The dark knight (de Christopher Nolan)


Mis en scène par Christopher Nolan
avec Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart...


UNE MACHINE PRESQUE ENRAILLEE.

Le voici, le film arrivé comme un messie des Etats-Unis, le nouveau volet de la saga Batman.
The Dark Night est clairement annoncé comme le film le plus sombre de cette saga. Christopher Nolan se débarrasse du scénariste du très mauvais Batman Begins et s'associe à son frère Jonathan Nolan pour l'écriture de ce long-métrage.

Terminée la psychologie de comptoir, Nolan prend l'audace de conférer à son oeuvre une dimension sociologique. En plein post 11 septembre, Gotham City ressemble étrangement à New York. Ce parti pris d'un décor très réaliste permet à l'histoire de s'encrer plus profondément dans le coeur du problème américain: le terrorisme. Batman est ici appellé "Le chevalier noir", un hors-la-loi prêt à oeuvrer pour le bien. Ce bien qui lutte éternellement contre le mal, la pègre. En soit, c'est fort et puissant. Mais le manichéisme que beaucoup disent absent dans ce film est pourtant toujours à l'oeuvre.

Le film développe deux réflexions. La première est celle transportée par le personnage du Joker. Son visage pathétique et démoniaque en dit long sur son âme tourturée. Mais ce personnage qui dit ne pas avoir de plan, en a finalement un: celui d'être le grain de sable qui va enraillé la mécanique actuelle de la société qui repose sur l'affrontement du bien et du mal. La terreur que disperse le Joker n'est pas dû à l'argent, il préfère ébranler ces "petits mondes" que l'Amérique garde en son sein. En cela le film est génial mais la réflexion retombe vite à plat comme si les auteurs étaient arriver à un stade où cette réflexion leur échappait.

Nolan se précipite donc vers une autre réflexion et une autre histoire. Balayé le Joker, Batman est en proie à faire un choix crucial. Il s'apprête à devenir un paria et à s'accuser des crimes de Harvey Dent jusqu'ici l'emblême du bien. Et le film oublie sa première idée. Il finit par ériger deux héros: Harvey Dent pour les habitants et Batman pour le spectateur. The Dark Night se conclut sur cette pensée manichéenne et choisit un héros puisqu'apparemment il en faut un à ses idiot d'habitants qui ne comprennent rien.

En réalité, cette conclusion vient confirmer l'idéologie de Batman que le film approuve, celle de "faire le ménage" ou de "karchériser" comme on dit chez nous en France.

31 octobre 2008

Ten (d'Abbas Kiarostami)

Mis en scène par Abbas Kiarostami

VOYAGE DANS UNE VOITURE.

Présenté au Festival de Cannes en 2002, TEN est un film signé par le réalisateur iranien Abbas Kiarostami. En 1h40 ce film bouleverse nos sentiments et notre perception du cinéma. Filmé de manière originale, en caméra numérique, par plans séquences au devant d'une voiture. TEN s'interroge sur le concept de la parole au cinéma. Ici deux personnes discutent, la conductrice et le ou la passagère.

Dans le champs réduit d'une voiture, des personnages communiquent sans presque jamais se regarder. Kiarostami souhaitait faire un film libéré de contraintes souvent trop lourdes et inutiles pour ce projet fait d'authenticité et d'émotion. Il appelle ça "le cinéma aux pieds nus". Les acteurs doivent se sentir libres d'interpréter leur personnages. La liberté est le maître-mot de ce film expérimental. La conductrice, est le personnage présent dans toutes les séquences. Elle accueille tour à tour des passagers, toutes des femmes, mis à part son fils de 12 ans qui est présent dans 3 séquences.
J'ai rarement vu des plans séquences aussi bien servir les comédiens. Il respire de TEN un sentiment de liberté et d'exaltation qui tranche avec la lourdeur sociale qui pèse sur Téhéran, ville où se déroule l'histoire.

Ten est également un film féministe. La condition de la femme en Iran est une abomination mais ici pas de misérabilisme. La conductrice est pour Kiarostami le symbole de la nouvelle femme féministe iranienne qui se bat quotidiennement pour imposer ce qu'elle est. "Pour aimer les autres, il faut d'abord savoir s'aimer soi-même" c'est ce que dit la conductrice à son fils qui la traite d'égoïste parce qu'elle commence par s'aimer d'abord plutôt qu'à penser à son prochain. En réalité, il lui reproche d'avoir divorcé de son père. Dialogues pointus et justes, parsemés de facéties qui donnent une ampleur cinématographique génialissime brisant les lois qui séparent le documentaires de la fiction, tant tout sonne vrai.

TEN, est le premier film d'Abbas Kiarostami que je vois et c'est une merveille d'avoir découvert ce cinéaste hors du commun. TEN est une perle.

31 octobre 2008

Smiley face (de Gregg Araki)

Anna Faris. Memento Films
Réalisé par Gregg Araki
avec Anna Faris, Adam Brody...

HAPPY FACE SUR TON VISAGE.

Le nouveau cru de Gregg Araki est arrivé et pour être honnête c'est le premier film de ce réalisateur que je vois. Bien sûr j'en sais quand même un minimum sur lui pour savoir que Smiley Face se démarque de sa filmographie générale passant du drame à la comédie. Et cette comédie est foutrement drôle, ça fait beaucoup de bien en ces temps dépressifs.

Ce qu'on aime immédiatement c'est la prestation d'Anna Faris dont le talent se confirme et surprend de film en film (Scary movie, Lost in translation...). Le film repose sur deux choses: Anna Faris et le délire Arakien. Ici pas de jugement, la beu se consomme et ne fait pas rire que celle qui la fume ou la mange en guise de "space cakes". Les "space cakes" quasako? Ce sont tout simplement des patisseries aromatisées aux fines herbes hallucinogènes ;D Et Jane F. (Anna Faris) en mange en grande quantité sans savoir ce que ces fameux petits gateaux contenaient. Le problème c'est que ce jour là, Jane F. a beaucoup de choses à faire: payer son dealer, refaire des gateaux, passer un casting pour une pub. Malgré la comédie ou plutôt grâce à la comédie, Gregg Araki n'oublie son thème de prédilection: des ados paumés déconnectés de la réalité.

Jane F. a vraiment du mal à évoluer dans la société. Ses maladresses, son coté sans gêne et ses réflexions fumeuses la rendent extrêmement drôle et touchante. Gregg Araki tient bien son film en main et nous emmène dans un voyage psychédélique envolé et malicieux qui ne fait l'apologie de rien mais un constat de toute une société coincée, bornée et aveugle. Toute cette comédie vibrante nous amène vers un final retentissant émotionellement grâce à une seconde de retour à la réalité qui fait froid dans le dos.

Mon engouement est peut-être un peu démesuré pour ce film mais certains films vont droit au coeur et on leur donne 4 étoiles.

31 octobre 2008

Redacted (de Brian de Palma)


Mis en scène par Brian de Palma
avec Kel O'Neill, Ty Jones...

LA GUERRE SELON YOUTUBE.

Je suis allé voir ce film à reculons. Les films de guerre je n'aime pas ça. C'est souvent un moyen d'exalter un patriotisme malsain et de faire pleurer le soldat Ryan. Brian De Palma lui non plus je ne l'aime pas trop, excepté avec le brillantissime Phantam of the Paradise qu'il réalisa en 1973. Et puis vint Redacted.
Dès le départ on n'est pas sûr de bien comprendre ce que l'on voit dans le générique. C'est quoi ces mots qui s'effacent? Brian De Palma nous prévient dès le départ, il faut se méfier des images. Car ce film s'il est grandiose c'est par les questions qu'il soulève. Il remet en cause notre rapports aux images. Inspiré des vidéos vues sur internet et notamment sur Youtube, De Palma nous indique que le film de guerre va devoir se remettre en cause. Car dans Redacted il y a une double critique, une critique anti-guerre et une critique contre les médias de masse. Une chose à savoir, c'est qu'aux Etats-Unis le film a été lynché par les médias et de De Palma avec. C'est dire si ce film touche un point sensible.

Est-ce du cinéma? La question se pose quand on sait que De Palma à refilmer ce qu'il a déjà vu sur internet. Pour trouver la réponse il n'y a qu'à voir le travail du montage. De ces images fictionalisées, à l'apparence contradictoires car provenant de points de vus extrêmement différents, le film les rassemble pour nous montrer une cohérence magistrale où les images ne s'entrechoquent pas mais se répondent et se questionnent sans cesse. A cela s'ajoute une surenchère de cris, de musiques grandiloquantes et d'atrocités. Mais encore une fois, cette mise en scène fait écho avec la surabondance d'images qui envahit nos yeux et nos cerveaux. Redacted repense tout, il efface le patriotisme exacerbé et amène la folie des images.

Le film s'achève sur une compilation d'images de dommages collatéraux de la guerre en Irak. C'est aussi didactique que vide de sens, et De Palma en a conscience. C'est ce qui subjugue et sidère à la fois.

31 octobre 2008

Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (de Robert Aldrich)


Mis en scène par Robert Aldrich
Avec Bette David, Joan Crawford...

HOLLYWOOD DECHUE.

"Qu'est - il arrivé à Baby Jane?" est un des films les plus connus de Robert Aldrich à qui l'ont doit "En quatrième vitesse" et "Bronco Apache". Mais c'est aussi de ses plus réussi. Cinéma des années 60, ce film réunit deux grandes stars vieillissantes hollywoodiennes que sont Bette Davis et Joan Crawford.

Le film commence dans un cabaret où une enfant star fait ses numéros de danses et de chants avec son papa au piano. Capricieuse, voix nasillarde et boucles d'or insupportables, elle est pourtant très aimée du public. Son nom est Baby Jane. Sa soeur Blanche est jalouse de ce succès.

Plusieurs années plus tard, les deux soeurs sont devenues vieilles et bizarrement ce n'est pas Baby Jane qui est adulée aujourd'hui mais sa Blanche. Cette dernière étant devenue infirme à cause d'un accident dont on ne connaît pas la cause, est séquestrée dans une chambre à l'étage de la maison de sa soeur.

C'est un film sur beaucoup de choses et tout nous intéresse plus ou moins. La rivalité entre les deux soeurs est moins intéressantes que le personnage de Baby Jane qui sombre petit à petit dans la folie. Une folie dû à sa déchéance artistique et médiatique et au manque cruel de l'amour paternel. Bette Davis qui interprète ce rôle avec génie est stupéfiante lorsqu'elle atteint la folie morbide de son personnage. Baby Jane qui a le regard continuellement tournée vers le passé est terrifiée à l'idée de ne pas être une femme immortalisée par son talent. Une chose qu'elle jalouse férocement de sa soeur qui reçoit encore des lettres de fans endiablés.

Robert Aldrich a su saisir le corps de ses comédiennes pour rendre le film le plus âpre possible. Et au-dessus de la dualité de ces deux soeurs, se tend un fil terrifiant qu'est celui du mystère de l'accident. Qui a rendu Blanche infirme?
C'est peut-être là le principal (et unique) défaut du film. Cette intrigue importe peu. Les personnages sont tellement bien écrits et interprétés que cette intrigue au dénouement facile passe au second plan.

Ce film est d'une audace folle pour l'époque. Faire jouer deux vieilles dames, pas forcément cinégéniques, un gros, une alcoolique et tout cela sans sex symbol avec un scénario qui critique la starification hollywoodienne, est encore une valeur ajoutée à la grande réussite de ce film.

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  • «Créer n'est pas un jeu quelque peu frivole. Le créateur s'est engagé dans une aventure effrayante, qui est d'assumer soi-même, jusqu'au bout, les périls risqués par ses créatures.» (Jean Genet)
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